Revolut renforce sa position sur le marché professionnel. La néobanque britannique accélère le développement de son offre à destination des entreprises avec le lancement, ce 30 avril, d’un compte épargne rémunéré, disponible dans quatre pays, dont la France.
L’annonce a été faite par James Gibson, directeur général de Revolut Business, dans une interview accordée à mind Fintech. Et ce n’est qu’un début. D’autres services arriveront au cours de l’année : des crédits professionnels, des comptes à terme, des produits d’investissement en obligations et en ETF.

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Un nouveau produit d’épargne pour les entreprises
Baptisé simplement “Savings”, ce compte épargne propose un taux d’intérêt journalier pouvant atteindre 2 %, en fonction de l’abonnement souscrit. Il est lancé simultanément en France, aux Pays-Bas, en Irlande et en Lituanie. Une manière de répondre à une demande croissante, en particulier sur le marché français, identifié comme stratégique par la fintech.
“Beaucoup d’entreprises françaises nous le réclamaient depuis longtemps”, explique James Gibson. “Les taux que nous proposons figurent parmi les meilleurs du marché. Et surtout, ce produit est plus sûr que nos fonds monétaires flexibles, qui peuvent atteindre 2,33 % par an, mais avec plus de volatilité.”
Cette nouvelle solution vise notamment les startups et les entreprises ayant levé des fonds, qui ne souhaitent pas laisser leur trésorerie dormante sur un compte courant non rémunéré.
Une concurrence encore limitée
Sur le marché hexagonal, le principal concurrent de Revolut Business est Qonto. Mais cette dernière, comme d’autres néobanques, ne propose pas encore de compte épargne professionnel. Une exception : Memo Bank, qui a lancé début 2024 le compte “Booster”, un livret liquide rémunéré à 2,12 % par an (au 1er mars 2025). La néobanque allemande Vivid propose elle aussi un produit équivalent, avec des taux compris entre 0,2 % et 2,6 %, selon la taille de l’entreprise et la formule choisie.
Crédit, produits d’investissement et comptes à terme en préparation
Revolut ne s’arrête pas là. D’autres produits verront le jour dans les mois à venir. “Nous lancerons un produit de crédit pour les entreprises cette année”, annonce James Gibson. “C’est une suite logique. Nous sommes une banque, et la France est un marché naturel pour démarrer.” La gamme s’élargira aussi à des comptes à terme et à des produits d’investissement – notamment obligations et ETF – destinés aux entreprises disposant d’une trésorerie à placer.
Une croissance soutenue et des objectifs élevés
Revolut Business est déjà présent dans l’Espace Économique Européen, au Royaume-Uni, à Singapour, en Australie et aux États-Unis. Elle revendique “des centaines de milliers d’entreprises clientes”. En septembre 2024, son chiffre d’affaires annualisé dépassait 500 millions de dollars, avec un volume mensuel de transactions supérieur à 17 milliards de livres. L’entreprise émet chaque mois 100 000 cartes et attire désormais 40 000 nouveaux clients professionnels chaque mois, contre 20 000 auparavant.
En France, Revolut voit grand. Objectif : atteindre plusieurs centaines de milliers d’entreprises actives d’ici un an. Le pays figure dans le top 3 des marchés prioritaires de la néobanque, avec plus d’un milliard d’euros de transactions mensuelles, soit une hausse de 65 % en un an.
Une bataille serrée sur le marché français
Qonto reste le principal rival. Fin 2024, la fintech française revendiquait 500 000 clients sur ses quatre marchés historiques (France, Allemagne, Italie, Espagne). Elle vise le million de clients d’ici 2026. Shine comptait 150 000 clients actifs à la fin de l’année dernière et prévoit de fusionner avec Ageras, ce qui porterait son portefeuille potentiel à 450 000 entreprises. Memo Bank, plus spécialisée, ne comptait que 450 entreprises clientes à l’automne 2024.
Une clientèle diversifiée, des structures de plus en plus grandes
À l’origine, Revolut Business s’adressait plutôt aux indépendants et très petites structures, en reprenant les codes de l’offre destinée aux particuliers. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le client “type” emploie entre cinq et cinquante salariés et réalise entre un et dix millions d’euros de chiffre d’affaires par an. Certaines entreprises clientes, comme Alan ou Rakuten, dépassent largement ces seuils.
La clientèle de Revolut est particulièrement présente dans les secteurs du voyage, de l’hôtellerie, du marketing ou encore de l’e-commerce, grâce notamment à ses services de paiement internationaux, à ses comptes multidevises et à ses outils de couverture contre la volatilité des taux de change.
Comptabilité : intégrer plutôt que concurrencer
Alors que de nombreuses néobanques cherchent à se positionner comme des solutions tout-en-un intégrant banque et comptabilité, Revolut opte pour une autre voie. “Créer une plateforme comptable universelle est illusoire”, estime James Gibson. “Nous préférons assurer une compatibilité maximale avec les outils déjà utilisés par les entreprises, très différents d’un marché à l’autre.”
Cela ne veut pas dire que Revolut exclut toute opération de croissance externe. “Nous restons ouverts aux opportunités, mais ce n’est pas une priorité”, indique le dirigeant. Depuis sa création, Revolut a mené trois acquisitions, dont la plateforme de prêts Arvog en 2022 et les terminaux de paiement Nobly en 2021. L’équipe dédiée aux fusions et acquisitions a même été renforcée fin 2024, signe que certains dossiers restent à l’étude.